LA VIE Monastique est la plus ancienne forme de vie religieuse.
Elle apparaît dans les premiers siècles du christianisme, de manière spontanée, et simultanément en diverses régions du Bassin Méditerranéen. En Egypte, des ermites, dont St Antoine - le père des moines, vont attirer de nombreux disciples qui mèneront à leur tour la vie monastique, soit en solitaire (ermites) soit au sein d’un monastère, dans une communauté et sous la direction d’un Ancien et d’une Règle monastique.
Au IVème siècle, c’est la fin des persécutions ; le monachisme va se développer au grand jour et se propager comme une traînée de poudre.
En Occident, la Règle de Saint Benoît (VIème s) s’imposera jusqu’au Moyen-Age. De là naîtront les Ordres monastiques Bénédictins, Trappistes, Cisterciens...
A partir du XIIIe siècle, c’est l’apparition et l’expansion d’Ordres religieux mendiants : dominicains, franciscains, carmes… Ils partent sur les routes annoncer la Bonne Nouvelle. Ils ne sont pas moines, puisqu’ils ont un apostolat à l’extérieur de leur couvent mais en revanche, les branches féminines de ces Ordres mendiants seront constituées de moniales, contemplatives et cloîtrées (clarisses, dominicaines, carmélites).
L’habit ne fait pas le moine. L’élément distinctif de la vie monastique par rapport à toute autre forme de vie religieuse, c’est la vie en clôture, cette séparation effective d’avec le monde pour une profonde quête de Dieu, pour imiter le Christ qui se retirait sur la montagne ou à l’écart pour prier…à l’image des premiers moines qui partaient au désert pour y chercher les conditions extérieures propices pour mener leur idéal de vie.
Le mot moine vient du grec ancien monos qui signifie « solitaire » et plus particulièrement « célibataire ». Comme son nom l’indique, le moine recherche l’unité, l’unification, c’est-à-dire qu’il renonce à tout ce qui est source de division, de dispersion, dans ses activités comme dans sa vie intérieure.
La vie monastique est marquée par une vie de silence, de solitude, d’ascèse, vécue en communauté sous la conduite d’un Supérieur, dans l’observance des vœux religieux et d’une Règle propre à chaque Ordre (Règle de Saint Benoît, Règle de Saint Augustin, Règle de Sainte Claire, Règle du Carmel, etc..).
Au monastère, les journées se suivent et se ressemblent, rythmées par la prière (personnelle et communautaire), la lecture de la parole de Dieu, le travail, les rencontres communautaires.
La vie du moine ne « sert » à rien, sinon à témoigner de manière éminente de l’amour de l’Eglise pour son Seigneur. Séparé de tous, le moine vit pour y mieux chercher Dieu, et c’est de là aussi, qu’il rejoint tous ses frères, d’une façon souterraine et mystérieuse mais non moins réelle et efficace.
Le moine, dont les contacts avec l’extérieur sont limités, ne vit pas en rupture de ce qui se vit hors de son monastère, de son diocèse, de sa cité. Informé de la vie du monde, il la reçoit dans cette distance que crée sa position de « recul ». Traditionnellement, les monastères ont toujours été des lieux d’hospitalité, offrant un espace à tous les chercheurs de Dieu.
Mais au vu de ces constantes de la vie monastique il serait faux de croire en son uniformité. D’un Ordre à l’autre, l’équilibre entre la vie communautaire et la vie en solitude varie, la taille des communautés, leurs lieux d’implantations qui plus ou moins rural etc.
Ainsi mille et une nuances, bien sensibles existent d’un Ordre à l’autre, à l’image des intuitions de leurs fondateurs, si bien qu’on a pu, très schématiquement, dégager ces notes dominantes :
- la paix bénédictine
- la simplicité cistercienne
- le silence cartusien
- la pauvreté franciscaine
- l'étude dominicaine
- l'oraison carmélitaine
- la douceur visitandine…
EN GUISE D'ILLUSTRATION:
1. Les apophtegmes des Pères du désert veulent être - et sont- un livre essentiellement pratique. L’apophtegme est un instrument pédagogique, le moyen de recevoir une direction spirituelle individuelle. Son but est de mettre le disciple, par une série d’expériences particulières, en possession de ce don nécessaire à quiconque, mais plus encore à quiconque vit dans la solitude : le discernement spirituel.
(Apophtegmes Tirés de La sagesse du désert)
2. Extraits de la Règle de Saint Benoît:
"Écoute, mon fils, les préceptes du Maître et prête l’oreille de ton cœur. Reçois volontiers l’enseignement d’un si bon père et mets-le en pratique..."
"C’est à toi donc maintenant que s’adresse ma parole, à toi, qui que tu sois, qui renonces à tes volontés propres et prends les fortes et nobles armes de l’obéissance, afin de combattre pour le Seigneur Christ, notre véritable Roi.
Avant tout, demande-lui par une très instante prière qu’il mène à bonne fin tout bien que tu entreprennes..."
"C’est à cette fin que nous voulons fonder une école où l’on serve le Seigneur.
Dans cette institution, nous espérons ne rien établir de rude ni de pesant.
Si, toutefois, il s’y rencontrait quelque chose d’un peu rigoureux, qui fût imposé par l’équité pour corriger nos vices et sauvegarder la charité, garde-toi bien, sous l’effet d’une crainte subite, de quitter la voie du salut dont les débuts sont toujours difficiles."
"C’est ce zèle que les moines pratiqueront avec un très ardent amour :
ils s’honoreront mutuellement avec prévenance ;
ils supporteront avec une très grande patience les infirmités d’autrui, tant physiques que morales ;
ils s’obéiront à l’envi ;
nul ne recherchera ce qu’il juge utile pour soi, mais bien plutôt ce qui l’est pour autrui ;
ils s’accorderont une chaste charité fraternelle ;
ils craindront Dieu avec amour ;
ils aimeront leur abbé avec une charité sincère et humble ;
ils ne préfèreront absolument rien au Christ ;
qu’Il nous amène tous ensemble à la vie éternelle !"
3. Extrait des Constitutions des Carmélites déchaussées au sujet de l'apostolat propre des Carmélites déchaussées
"La vocation des carmélites déchaussées est essentiellement ecclésiale et apostolique. L'apostolat, auquel sainte Thérèse voulait que ses filles se consacrent, est l'apostolat purement contemplatif. Il consiste dans la prière et dans l'immolation avec l'Eglise et pour l'Eglise, et exclut toute forme d'apostolat actif .
Unies à l'intercession et au sacrifice du Christ, les soeurs s'offrent toutes ensemble à Dieu et achèvent ainsi ce qui manque à la passion du Seigneur en faveur de son Corps mystique (cf Col 1,24). Ce faisant, elles s'ouvrent à l'action de l'Esprit Saint qui conduit et fait vivre l'Eglise, et se portent vers cet amour pur et solitaire qui est plus précieux aux yeux de Dieu et plus profitable à l'Eglise que toutes les autres oeuvres ensemble."
Prière de sainte Thérèse d'Avila :
" Que rien ne te trouble
Que rien ne t’épouvante
Tout passe
Dieu ne change pas
La patience triomphe de tout
Celui qui possède Dieu
Ne manque de rien
Dieu seul suffit ! "