Devant celui qui s'approche de la chapelle du Carmel se dresse un ensemble architectural pensé comme une sculpture dans un jardin. Cet ensemble a été conçu par l'artiste hongrois Pierre Szekely (1923-2001), les plans ont été tracés par l'architecte valenciennois Claude Guislain.
La forme épurée, subtile, alliance des volumes et des lignes, s'élance harmonieusement vers le ciel, suggérant ainsi au visiteur toute sa portée symbolique...
Le sanctuaire, élément central, domine par sa hauteur les deux parties latérales que sont le choeur des moniales et l'espace des fidèles : ceci peut figurer le prosternement devant la transcendance de Dieu.
Le clocher ne comporte aucun ornement, pas plus que les autres parties de la construction. Seules la pureté des lignes et l'harmonie des volumes créent un lieu de recueillement et de prière, à la fois orienté vers le ciel et solidement enraciné dans la terre des hommes.
A l'entrée, un plan de la chapelle en vue aérienne invite à une autre interprétation : celle de l'offrande eucharistique, où le sanctuaire tient la place de l'hostie offerte dans la coupe représentée par le choeur des moniales.
A côté de la porte, le bénitier sculpté en forme de fleur rappelle une pensée de Sainte Thérèse de Lisieux.
En pénétrant dans la chapelle, le visiteur remarque sa disposition en deux parties qui se rejoignent au centre du sanctuaire, où se trouve l'autel. C'est ainsi que sont matérialisées la communion autour de l'Eucharistie, et aussi la séparation du monde, caractéristiques des ordres contemplatifs.
L'unique fenêtre placée du côté de la rue figure l'ouverture sur le monde, si présent au coeur de la prière des carmélites.
A travers les vitraux de verre organique, matière plus légère que celle des vitraux classiques, le soleil dessine des fresques mouvantes sur les parois et sur le sol. Ainsi à cette lumière venue du ciel répond "la prière qui s'élève comme un encens" (Ps 140).
Ces douze vitraux, répliques de véritables pierres précieuses à l'état natif ont été réalisés par Pierre Szekely à partir de modèles trouvés au Museum d'Histoire Naturelle. Ils représentent l'ornement du rempart de la Jérusalem céleste décrite au chapitre 21 du livre de l'Apocalypse : "Les assises sont de jaspe, de saphir, de calcédoine, d'émeraude, de sardoine, de cornaline, de chrysolithe, de béryl, de topaze, de chrysoprase, d'hyacinthe, d'améthyste".
La lumière très colorée oriente le regard vers "les choses d'en haut" (Co1.3, 1), pierres précieuses, plus précieuses que toutes les choses de la terre.
Juste au-dessous de Notre-Dame de Grâces, Patronne du diocèse de Cambrai et de notre monastère, on aperçoit le visage de Ste Thérèse de Lisieux. Placé à hauteur d'enfant, il évoque la "Petite voie d'enfance spirituelle".
Le Tabernacle est scellé dans le mur du sanctuaire : "La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs, c'est elle qui est devenue la pierre d'angle" (Matthieu 21,42 - Ps118). "Et la Pierre, c'était le Christ". Les minéraux fixés sur les deux faces du Tabernacle sont des pierres formées à partir de la silice des hauts-fourneaux, présence du travail de la région. Au-dessus, la lampe à huile rappelle l'exigence de l'Evangile à demeurer vigilants dans la prière : "Gardez vos lampes allumées".
L'autel, le siège du célébrant et l'ambon proviennent des carrières de la Marne, ils ont été taillés sur place.
L'ensemble de la chapelle a été construit avec des matériaux pauvres : béton, briques, bois de sapin, tôles. Les murs sont recouverts d'un enduit blanc, le ciment du sol, d'un enduit brun, la tôle des plafonds et des accessoires, d'un enduit noir. Ainsi se retrouvent les trois couleurs de l'habit carmélitain : brun, blanc, noir.